Sanaa se trouvait dans le bras de Jake. Ce dernier demandait à sa petite amie de lui faire une promesse. En l’écoutant la demoiselle Keagan grimaçait. « Tu penses que je risque de boire un jour ? » La brunette aurait préféré qu’il lui fasse confiance. Qu’il la pense assez forte pour résister à l’appel de l’alcool. Elle avait toujours envie de boire. On ne débarrasse jamais d’une addiction. C’était un combat et une lutte au quotidien. Elle devait résister à ses envies et faire ce qui était le mieux pour elle et son entourage. « Je ne peux pas te le promettre. Je n’en ai jamais parlé quand l’envie est trop forte. Ce n’est pas maintenant que je vais changer… Mais je n’ai aucune raison de boire en ce moment… Et en parler, ne me facilite pas forcément les choses. » Maintenant qu’il avait abordé le sujet, Sanaa pensait à la boisson. Ce qui n’était pas le cas avant qu’ils entament cette conversation. Le point positif, c’est que même si la demoiselle Keagan y pensait, elle ne ressentait pas le besoin obsessionnel de se servir un verre. Elle pouvait s’en passer. Ce qui prouvait que la page de cet épisode était tournée. Il fallait seulement s’efforcer que cette page reste tourner et que personne face un retour en arrière.

Cela faisait un moment que Sanaa n’avait pas pensé à l’alcool. Elle n’en avait pas ressenti le besoin. Le combat était beaucoup moins difficile quand tout se passait bien dans son quotidien. Il y avait tout de même des choses délicates dans sa vie. Comme par exemple, l’envie subite de Jeffrey d’assumer sa paternité. La responsabilité de Jaimie de choisir ou non d’apprendre l’identité de son père biologique, de le rencontrer ou non. Ce n’était pas simple, ça préoccupait la demoiselle Keagan. Mais ce n’était pas au point d’avoir besoin d’un verre. Elle savait que ce fameux verre causerait plus de dégâts que de bien. Il ne lui servirait strictement à rien. Mais mentionner cette fameuse nuit en Australie était clairement une mauvaise idée. Les souvenirs remontaient. Le mal-être que ressentait Sanaa, la tristesse, la colère, le dégoût, le sentiment de trahison. Des sentiments douloureux qu’elle n’arrivait plus à supporter et qu’elle avait tenté d’apaiser et d’étouffer à l’aide de l’alcool. Ça allait mieux pendant un temps et ça revenait. C’était un cercle vicieux dans lequel la brunette était tombée. « C’est gentil Jake. Mais le combat contre l’addiction, c’est une lutte qu’on mène seul. » Les personnes autour pouvaient avoir toute la bonne volonté du monde, si la personne atteinte d’addiction ne veut pas s’en sortir. Rien n’y fera. « Pour le moment, il n’y a pas de raison que ça arrive. Sauf si tu sais quelque chose que je ne sais pas et que tu penses, est susceptible de m’achever. » Sanaa n’avait pas la moindre de ce qui pourrait lui donné envie de boire à présent. Jake s’excusait quand la jeune femme lui avouait que parler d’alcool de son addiction ne lui facilité pas la tâche. C’est un combat quotidien. Ce n’est pas parce que cela fait presque trois ans qu’elle n’avait pas touché une goutte d’alcool que c’était simple. La lutte ne s’arrête jamais. « Ce n'est pas grave... On peut changer de sujet maintenant ? »

Jake tenait à rappeler à Sanaa qu’il était là pour elle. La demoiselle Keagan n’avait pas besoin de se rappelle, elle le savait. Mais c’était tout de même gentil de sa part, même si la brunette aurait préféré ne pas se remémorer l’épisode chambre d’hôtel et alcool à Sydney. D’ailleurs, elle était bien heureuse, que son petit ami n’est pas souhaité poursuivre cette conversation. Sanaa lui avait fait comprendre, c’est à ce moment-là que Jake avait compris son erreur et qu’il s’excusait. La jeune femme lui avait demandé s’il voulait bien qu’ils changent de sujet à présent. Le couple pouvait avoir un bien meilleur sujet de conversation. Sanaa sourit à la réponse de son petit ami. « J’ai toujours su que tu étais maladroit dans tes paroles. Mais j’essaye de ne pas t’en tenir rigueur… Je préfère parler d’autre chose, par contre je n’ai pas d’idée là. » Le regard de Sanaa se posait sur sa main qui portait son alliance. Ça lui faisait vraiment drôle de l'avoir à nouveau au doigt.

Parfois, Jake réfléchissait beaucoup trop. Il se posait des tas de questions ce qui pouvait vraiment énerver Sanaa. À d’autres moments, c’était l’inverse, il ne réfléchissait pas à ses paroles et réaliser qu’après coup, la portée de ses mots. Mais la demoiselle Keagan ne lui portait pas rigueur. Elle savait que comme ce soir, il ne pensait pas à mal. Il avait cru, bien faire en rappelant à sa petite amie qu’il était présent pour elle. Même si ce rappel avait redonné des envies d’alcool à Sanaa. Sa lutte qui s’était un peu endormie, c’était réveillée. Mais l’envie était toute petite, ce ne serait pas ce soir que la brunette céderait à ses démons.

En cherchant un autre sujet de conversation plus joyeux, le regard de Sanaa se posait sur sa bague. La jeune femme avait dû s’y attarder puisque Jake avait pris sa main qu’il embrassa en lui demandait si ça allait. « Oui, oui ça va pourquoi ? » La demoiselle Keagan allait seulement devoir se réhabituer à la présence de cette bague sur son doigt.

Le regard de Sanaa s’était posé sur la bague qu’elle portait. Elle avait dû s’y attarder plus longtemps, que ce qu’elle pensait, puisque ça avait suscité des questions chez Jake. La demoiselle Keagan le rassurait en lui disant que ça allait. C’était la stricte vérité. « C’est seulement bizarre de la porter à nouveau. Il faut que je m’habitue et que je pense à ne pas l’oublier si je suis amenée à la retirer. » Elle pouvait simplement l’oublier sur le rebord du lavabo en se lavant les mains. Si ça arrivait, Sanaa espérait que Jake ne le prendrait pas mal. La brunette n’en revenait pas d’avoir fini par céder, en acceptant de récupérer la bague. Mais elle ne regrettait pas sa décision puisqu’elle rendait heureux son petit ami. C’est seulement ce qu’elle voulait. Elle savait que parfois, elle pouvait se montrait dure avec lui, mais ce n’était jamais dans le but de lui faire du mal. Sanaa n’avait simplement pas toujours la même vision des choses que son petit ami. Ils pouvaient avoir des regards différents à propos de certains sujets.